Après sept années à travailler en tant qu’agent de photographes, Magalie Bilhou a décidé de devenir réflexologue plantaire.
C’est à la suite d’un soin qu’elle a pris conscience de l’importance de prendre soin de soi, et par conséquent des autres.
Le parcours de Magalie est très intéressant et est un exemple de chemin qui mène à la conviction d’être à sa juste place.
Bonne lecture ! 🙂
Bonjour Magalie, peux-tu me raconter ton parcours ?
Je suis réflexologue plantaire. J’ai crée Maison Hälsa Paris en 2014. Je pratique à domicile et je reçois aussi dans le 16eme. Comme le nom l’indique, c’est un soin qui porte sur les pieds. En travaillant des zones ciblées, on peut détecter des nœuds énergétiques et des tensions que l’on va travailler à l’aide des doigts, comme un acupuncteur mais sans les aiguilles.
Qu’est-ce qui t’a amené à choisir ce chemin ?
Ça m’est tombé dessus ! J’ai reçu un soin en réflexologie chez Guerlain et j’ai été fascinée. J’ai été témoin qu’avec cette pratique, nous avions un résumé physique et émotionnel du corps à un instant T, ça m’a vraiment fascinée. Donc tout en continuant mon travail dans la publicité, j’ai fait une école qui m’a ouvert l’esprit. Au fur et à mesure de mes études, de mes rencontres, et du potentiel de cette pratique oubliée, je me suis dit que j’allais partir à l’aventure.
Que faisais-tu avant ?
J’étais agent de photographe pendant 7 ans dans le luxe et la nature morte (parfums, maquillage etc.) ; je suis partie à la rentrée 2014.
Comment as-tu pris la décision de sauter le pas ?
J’ai réfléchis à plein de choses : je n’avais pas 30 ans, pas d’enfant, j’étais avec mon compagnon qui est aujourd’hui mon mari, qui voyait le changement.
Car quand tu commences des études comme ça, tu entreprends une métamorphose. Tu prends conscience de ton corps, de tes émotions, de ce que tu manges, de ton rapport au corps – comment il parle – de ta gestuelle, de ta posture. Tout change.
Il voyait profondément ces évolutions, et il m’a encouragée en voyant comme ça me nourrissait et me rendait heureuse. J’ai beaucoup de chance.
C’était une révélation ?
Non, c’était une prise de conscience. Il n’y a pas de magie, tu te la crées toi-même.
Juste, la rencontre avec la réflexologue a été incroyable, c’était une femme passionnante, qui s’était reconvertie aussi, donc cela a sûrement ouvert inconsciemment des portes. Mais c’était surtout une prise de conscience, je m’apercevais que je vivais dans un monde qui m’en demandait beaucoup, je donnais beaucoup d’énergie mais je n’en recevais pas, je n’avais pas de temps pour moi, pas de respiration, mon quotidien n’était pas du tout axé sur l’humain, sur le bien être, sur comment mieux vivre, sur la nature, donc au fur et à mesure tu prends conscience de tout ça. Tu te dis que ta vérité est sûrement ailleurs.
Et pourquoi tu ne t’es pas simplement dit « je vais prendre davantage soin de moi » ?
Ça s’est fait doucement en fait, car l’école que j’ai faite était en 3 ans. J’ai eu le temps de mûrir tout ça. Je travaillais la semaine et j’allais à l’école le weekend.
Quand tu travaillais en entreprise, est-ce que tu avais déjà eu envie d’être indépendante ?
J’avais vraiment besoin de structure. A l’origine, je n’étais pas quelqu’un de particulièrement libre et qui faisait quelque chose de bien de cette liberté ; ça me faisait très peur au début quand j’ai arrêté de travailler de manière classique pour monter ma structure. La solitude, l’isolement, ne plus avoir d’horaires me faisaient très peur donc j’ai du répondre à tout ça, pour rester très structurée et cadrée. Maintenant je le suis moins, mais au début c’était fondamental, pour ne pas me perdre.
Au début, je gardais les mêmes horaires qu’avant, je faisais beaucoup de sport aussi pour rester focus, et je ne m’autorisais pas à faire quelque chose pour la maison si je travaillais de chez moi. Je restais aussi très connectée aux gens, je rencontrais beaucoup de monde, c’était très important.
Comment as-tu commencé à construire ta clientèle et ton réseau ?
J’avais observé que mon milieu de publicitaires se composait de gens stressés, fatigués, qui n’avaient pas forcément le temps de s’écouter ; je me suis dis que j’allais commencer par m’adresser à eux. J’ai eu une chance inouïe d’avoir cet énorme réseau réceptif à ça. Mine de rien, c’est un milieu prescripteur, ils aiment bien essayer et j’ai eu de la chance de pouvoir commencer comme ça. J’ai fait beaucoup de presse aussi car je savais faire. Ce n’est pas ça qui fait une clientèle mais ça te met un pied à l’étrier et tu n’attends pas que tes journées passent.
Comment as-tu vu évoluer la réaction des gens face à cette pratique ?
J’ai de la chance car j’ai toujours eu un très bon accueil dès le départ. Les gens t’ouvrent leur porte, tu t’occupes d’eux, tu es là pour eux, chez eux, c’est le début d’un travail sur une personne, une histoire, sur un profil très particulier, je suis à fond. J’ai toujours été super bien accueillie, ce qui fait un bien fou. Aujourd’hui je constate les résultats sur des choses de plus en plus compliquées. Je peux parler d’expérience et expliquer les évolutions à mes clients. Ce qui est super, c’est que le bouche à oreille fonctionne les gens viennent confiants, c’est plutôt ça qui me fait voir que ça évolue.
Et toi tu continues à apprendre ?
Oui, beaucoup. En Suisse il y a un très bon niveau en réflexologie, ils sont à bloc là-dessus donc je me suis formée sur les tout petits, à la nutrition, à la réflexologie palmaire. Là je voudrais commencer l’auriculothérapie car c’est la même chose portée sur le corps mais au niveau des oreilles, c’est aussi très efficace, en complément. On apprend sans cesse.
Comment ta pratique évolue avec le temps ?
Elle est plus instinctive. A l’école, tu apprends un protocole. C’est moins scolaire maintenant, je fais plus appel à une conscience qui est dans mes doigts, pour ressentir ce tissu, cette chair qui parle sous les doigts, c’est plus quelque chose qui se fait en conscience, parce que plus en confiance.
Est-ce que tu as vu que l’attitude des gens face à la médecine complémentaire avait évolué ? Car on en parle de plus en plus.
Pas forcément en cabinet car les gens qui viennent sont déjà ouverts. Mais je le vois car tu as des supers boutiques bio qui ouvrent, les magazines en parlent, il se passe de grandes choses dans cette prise de conscience-là.
Tu as vu des gens changer de comportement ?
Oui beaucoup ne trouvent pas de réponse à leurs problèmes dans la médecine classique, donc ils changent d’attitude et osent vraiment faire le pas pour apprendre à se connaître. Du coup on parle beaucoup de ça, d’écouter son corps, de reconnecter le corps et l’esprit, d’avoir une conscience de ce que l’on mange, de ce corps dans cette nature. Oui, les gens changent.
Tu as dit que tu avais pris conscience que tu ne prenais pas assez soin de toi lors de ton premier soin, comment ça a changé et comment tu le fais aujourd’hui ?
Par plein de manières, au début mon travail me demandait beaucoup et maintenant c’est presque une manière de méditer en quelque sorte pendant le soin. C’est un état, au bout de ses doigts, c’est très particulier, donc paradoxalement ça me fait beaucoup du bien. Je continue à faire beaucoup de sport, du yoga, du Pilates toutes les semaines, du cardio aussi une fois par semaine. Je suis rarement à Paris le weekend, je prends beaucoup soin de moi comme ça, en déconnectant, en étant dans la nature. Je prends du temps pour moi, j’essaie d’avoir une attitude très relative à la notion de temps, ce que je ne peux pas faire aujourd’hui je le fais le lendemain.
Aujourd’hui tu arrives à avoir un emploi du temps un peu plus souple qu’au début ?
Beaucoup plus oui.
J’ai une petite fille maintenant et malgré le fait que je travaille beaucoup le soir, je me débrouille pour l’intégrer dans mes journées et passer du temps avec elle.
J’ai aussi moins peur de la solitude, je suis moins enfermée dans mes propres barrières qui me permettaient de tenir en place, je m’autorise à regarder à 360, je fais des formations, je lis beaucoup.
Tu profites ainsi d’une certaine flexibilité ?
Tout à fait. Si je veux partir plus tôt en weekend ou au contraire travailler le weekend. Quand je suis à Paris, je peux travailler le samedi et le dimanche, il suffit que je dise que je suis disponible et ça marche. Sinon en semaine je peux bosser jusqu’à 21h car j’ai des gens très occupés, et commencer plus tard le lendemain. C’est précieux. Je gagne moins bien ma vie qu’avant mais ça n’a pas de prix. Quand je pars je ne suis plus stressée de louper les avions, les trains, c’est ma nouvelle définition du luxe.
Tu as vu d’autres gens autour de toi qui ont fait le même chemin que toi ?
Oui, des clientes se forment à être réflexologues ! Elles sont à l’école, une est prof de yoga, et une autre est une jeune fille qui bossait dans les médias.
Tu penses quoi de cette tendance ? Comment tu vois les choses évoluer ?
Honnêtement si ca pouvait continuer à évoluer dans ce sens, ce serait génial : plus de bienveillance envers soi et les autres, envers la nature ; je ne peux que prôner ça moi ! J’essaie d’y participer du mieux que je peux en faisant mes soins, en parlant de tout ce qui entoure le soin et apporter ces petites parenthèses d’une heure de bien-être.
Par exemple les gens qui travaillaient avec toi qui ont été tes premiers clients, tu as vu qu’ils avaient changé leur mode de vie ?
Oui, je vois des gens qui depuis le départ, s’accordent un petit forfait/une séance de réflexologie tous les 15 jours ou tous les mois, qui sont sensibles à ça, on parle aussi beaucoup de diététique, mes clientes me disent ce qu’elles ont fait, ce qu’elles ont changé dans leurs habitudes et à quel point elles en sont satisfaites.
Tu pratiques donc beaucoup à domicile, et en cabinet tu travailles d’où ?
Il y a une pièce dédiée chez moi ouverte sur l’extérieur, dans le 16ème. Je pratique également au Tigre Yoga de temps en temps.
D’où vient le nom Maison Hälsa ?
J’ai fait un voyage dans les pays du Nord et me suis dit que le bien-être était culturel et touchait à tous les domaines. En réfléchissant à mon logo, à une sonorité, je me disais que je voulais que ça vienne de là. Maison Hälsa veut dire maison de la santé en suédois. C’est une identité qui peut intégrer plusieurs dimensions car j’espère que plus la vie va avancer, plus les compétences, plus les cordes à mon arc vont s’étoffer. Beaucoup de pratiques peuvent être complémentaires, donc je voulais quelque chose de global qui ne parle pas que de réflexologie. Peut-être qu’un jour dans un monde idéal, il y aura un lieu, mais ce n’est pas une fin en soi.
Pour moi l’idéal, c’est d’être bien à ma place, en tant que thérapeute.
Et à court terme comment vois-tu les choses évoluer ?
Je n’ai pas de plan, les formations se présentent au fur et à mesure et la cohérence se dessine. J’essaie de garder l’œil ouvert et la plus grande curiosité possible, on verra, c’est tellement lié aux rencontres, à un moment. Je suis ouverte à ce que m’offre la vie au maximum.
Tu as douté au début ?
J’ai douté, je me demandais si ça allait fonctionner. J’étais tout de même rassurée car mon ancienne patronne (qui avait très bien compris car elle était prof de yoga aussi) m’avait dit si ça ne marchait pas, je pourrais revenir. Mon mari a toujours travaillé aussi donc on avait cette stabilité. Mais ne suis pas restée paralysée, même si c’était un peu vertigineux. Encore une fois je n’avais pas d’enfant à l’époque, je me suis lancée de la façon la plus insouciante possible.
Aujourd’hui, il y a des moments où tu doutes parfois ?
Non pas du tout, je fais de supers beaux rêves qui me confortent dans ce que je fais, je suis à ma place.
Je ne sais pas comment ça va évoluer, mais je reste focalisée sur le positif, les possibilités, les solutions et jamais sur les problèmes !
Et avant de découvrir la réflexologie, tu avais des moments où tu t’étais dis que tu aimerais changer ?
Non mais finalement je m’aperçois que tout cela était en moi. En analysant ce que j’ai fait, mon petit parcours de dix ans, j’ai fait comme une boucle, j’ai quelque part renoué avec mes origines car mes parents m’ont élevée dans cet esprit-là.
A 20 ans, je voulais des paillettes, vivre à Paris, côtoyer des gens et des milieux que je trouvais passionnants, où on travaillait beaucoup, où la rentabilité passait avant l’humain, et juste avant mes 30 ans ça s’est inversé. J’ai eu besoin de retrouver la nature et la simplicité d’une vie plus saine.
Mes parents ont toujours mangé bio, ils ont leur propre potager, ils vivent en montagne ; on en rigole aujourd’hui.
Comment ont-ils réagi quand tu leur as dit que tu voulais changer ?
Ils m’ont encouragée. Ils étaient contents je pense car ils y trouvaient du sens, ils s’y retrouvaient sûrement aussi quelque part, se disant que nous n’étions pas si éloignés que ça. Ils n’ont jamais jugé mais on n’avait pas la même vie, on ne parlait pas des mêmes choses ; maintenant on se retrouve sur des sujets qui ne m’intéressaient pas auparavant, comme la nature ou la pédagogie.
Et à part tes parents et ton mari, quelles ont été les réactions de ton entourage ?
Je ne m’en souviens pas bien, mais je me souviens que certaines personnes me disaient que j’avais du courage, alors que je n’ai jamais trouvé que c’était une question de courage.
Tu pensais quoi toi ?
Que c’était une question de suivre mes opportunités. J’ai pu être accompagnée par Pôle Emploi en tant que créateur d’entreprise, je n’avais pas d’enfant, je pouvais bouger, c’était une opportunité que je ne pouvais pas ne pas saisir, de pouvoir toucher du doigt l’entrepreneuriat, de faire quelque chose par moi-même et de ne plus dépendre d’un système. C’était plus ça que le courage, j’avais tout à y gagner, c’était peut-être très naïf de ma part mais je ne voyais pas trop le risque et du coup pas la notion de courage non plus.
Quelles leçons as-tu apprises depuis 3 ans en ayant choisi cette voie ?
Que je ne sais pas grand chose, et que c’est sûrement quelque chose qui me suivra toute ma vie et qu’il faut lâcher là-dessus. D’une manière générale, plus j’ouvre, les portes, les yeux, le cœur, plus des choses magnifiques m’arrivent. On parle beaucoup de la pensée positive en ce moment, j’y adhère, ça ne m’attire que des choses géniales.
Enfin je vis sans faire de plan, en vivant intensément chaque instant, ce que je ne faisais pas avant ; je me projetais beaucoup, aujourd’hui c’est radicalement différent
A quel point est-ce que cela a un impact dans l’éducation de ta fille ?
C’est une bonne question ! Elle a 1 an donc c’est encore récent, mais je ne ressens plus trop le stress, je ne suis plus angoissée comme avant. J’essaie avec tout mon esprit et mon cœur de bien réfléchir à ce qu’il se passe entre nous, à être là totalement. Je ne touche pas au téléphone quand je suis avec elle, je joue, je l’éduque. A elle, je lui fais évidemment de la réflexologie, je suis attentive à ce que je vois dans ses yeux. Parfois elle s’arrête de bouger d’un coup, je sens que dans son corps elle se demande ce qui lui arrive… Je lui montre les fraises qui grandissent dans les pots de fleurs, toutes ces choses-là, on prend le temps.
Et ton mari est ouvert aussi?
De plus en plus, et parfois de lui-même il fait des choses qui me surprennent. Il s’est mis à faire de la méditation, ça n’est pas venu pas de moi, c’est moi qui l’ai suivi. Donc maintenant on le fait à deux c’est génial. Pour l’alimentation aussi, il cuisine beaucoup, et lui qui était très carnivore consomme moins de viande mais beaucoup plus de poisson, de légumes. Donc il suit et il le fait avec plaisir, j’espère en tout cas !
Et qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour les années à venir ?
Une longue vie bien remplie, de belles rencontres – décisives – de rester curieuse, de suivre mes rêves et surtout d’exercer la réflexologie pour la vie !
Merci Magalie !
Pour en savoir plus sur l’activité de Magalie, c’est par ici : http://www.maisonhalsa.com/